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Dermatologie Buccale : Les réponses à vos questions
Madame X, agée de 40 ans, vient consulter pour des lésions longtemps prises pour des " aphtes " évoluant depuis près d'un an, avec des périodes d'accalmie et d'autres d'exacerbation. Pendant ces crises, la douleur est importante et l'alimentation gênée. Les bains de bouche et les divers traitements pour aphtose n'apportent pas de guérison.
Dans les antécédents, Madame X rapporte une thyroïdite
auto-immune pour laquelle elle prend depuis 3 ans du lévothyrox.
L'examen clinique de la muqueuse buccale montre la présence de
plages érythémateuses, d'érosions et de véritables
ulcérations au niveau des deux faces internes de la joue. La gencive
est atteinte par l'inflammation, et sur la langue, on observe un réseau
et des plages blanches, également présentes en bordure des
plaies de la face interne de la joue. L'hygiène buccale est défectueuse,
probablement en raison de la douleur lors du brossage.
Un interrogatoire orienté permet de découvrir que cette patiente a récemment
consulté en gynécologie pour une irritation vulvovaginale. Un traitement
local par diprosone (corticoïde local) a été prescrit avec une nette amélioration.
Elle dit vivre une période difficile en raison d'un divorce il y a 18
mois.
Le diagnostic de lichen plan buccal (et probablement gynécologique)
est retenu sur les arguments suivants :
Ce lichen est dit actif, car très inflammatoire. C'est une maladie
dermatologique d'origine immune, non infectieuse (donc non contagieuse)
chronique.
Lors de la première consultation, des photographies sont prises,
une biopsie est réalisée (afin de confirmer le diagnostic
et de mesurer l'activité du lichen) et un bilan biologique est
prescrit (prise de sang pour rechercher d'éventuelles maladies
associées, surtout hépatiques).
Le traitement reposera sur l'application de corticoïdes localement, de manière dégressive jusqu'à guérison de la poussée, ce qui peut prendre plusieurs mois. L'hygiène buccale est améliorée par des détartrages et des conseils. Une prise en charge psychologique peut être nécessaire. Une surveillance étroite pendant la poussée puis au rythme de deux fois par an sera instaurée. Bien traité et bien surveillé, le lichen reste une maladie chronique tout-à-fait bénigne.